| Projet de régionalisation «Il ne faut pas confondre avec autonomie» Entretien avec Mohamed Darif, politologue | |
| · Objectif: démocratisation et développement du pays - L’Economiste: Selon vous, qu’est-ce qu’on entend par régionalisation élargie? - Mohamed Darif: La régionalisation élargie c’est la consécration. Elle est la démocratie locale qui cherche à donner la possibilité à la population d’une région de gérer la chose locale. Elle peut prendre plusieurs formes comme l’autonomie. L’Espagne, par exemple, adopte une régionalisation élargie qui atteint son apogée à travers l’autonomie. D’autres pays, comme l’Italie, optent pour ce système de gouvernance, mais sans atteindre l’autonomie. Depuis 1997, le Maroc a commencé par une régionalisation restreinte. Maintenant, il est temps de passer à une régionalisation élargie. Le discours royal parle d’une volonté de la généraliser au Maroc. Le non-dit, c’est que la régionalisation dans les autres régions n’a rien à voir avec l’autonomie. - Estimez-vous que le Maroc a réussi sa politique de décentralisation et de déconcentration? - Il ne faut pas faire l’amalgame entre la décentralisation et la déconcentration. La déconcentration se fait dans un système administratif centralisé. Là, on fait allusion aux composantes du gouvernement. Un ministère, par exemple, peut déléguer des attributions à d’autres régions. Le Maroc a dépassé le stade de la déconcentration depuis des décennies et est passé à la consécration de la décentralisation. Après la charte communale de 1976, il y a eu la loi relative aux régions en 1997 (selon laquelle le pays est divisé en 16 régions). Ce qu’on reproche à cette loi, c’est qu’elle est régie par une logique centrale. C’est pour cette raison qu’on considère ce type de régionalisation comme une décentralisation restreinte. De plus, on n’a pas donné d’attributions aux gestionnaires sur le plan local. Avec la régionalisation élargie, le Maroc vient d’opter pour un choix stratégique qui se concrétise par la création de la commission consultative de régionalisation. Ce qu’il faut savoir, c’est que la pratique régionale est ancrée dans l’histoire du Maroc. La régionalisation ne date pas d’aujourd’hui. Autrefois, la gestion se faisait par les tribus. Le protectorat espagnol a, aussi, opté pour la pratique régionale. Toutefois, nous ne pouvons comparer la régionalisation pratiquée avant le protectorat avec celle d’aujourd’hui. En effet, le Maroc est passé de l’Etat traditionnel géré par les coutumes à un Etat fondé sur le modèle Jacobin, et qui cherche à se moderniser. La régionalisation d’hier, qui était liée au tribalisme, a donc perdu sa substance. Aujourd’hui, la régionalisation élargie prônée par le Roi a deux objectifs précis. La démocratisation du pays, d’une part, et le développement, d’autre part. De ce fait, le Maroc de demain ne peut être qu’un Maroc des régions. - Le régime d’autonomie prévu pour le Sahara peut-il être applicable aux autres régions du Maroc? - Actuellement non. Le Maroc est en train de chercher une solution durable pour les provinces du Sud. Pour ce faire, il a proposé l’autonomie comme solution dans le cadre de la souveraineté marocaine. Maintenant, pour les autres régions du Royaume, c’est la régionalisation élargie qui va être appliquée, mais sans qu’elle n’atteigne l’autonomie. Omniprésence de la monarchie marocaine et nécessité de respecter les fondamentaux de l’Etat obligent. Si nous prenons en considération ces spécificités dans l’élaboration d’une vision ayant trait à la régionalisation élargie, le Maroc ne pourrait pas se démarquer complètement des expériences appliquées dans les autres pays. Face à deux modèles fascinants applicables dans le cadre de l’Etat «simple», ceux de l’Espagne et de l’Italie, il est clair que le Maroc va s’inspirer des acquis de l’expérience italienne, selon laquelle la régionalisation n’atteint pas l’autonomie. A noter que le cadre étatique du Maroc ressemble à celui de l’Espagne et de l’Italie qui sont des Etats «simples». Pour les Etats fédéraux comme l’Allemagne, c’est l’autonomie qui est appliquée. Et c’est ce qui est d’ailleurs réservé à nos provinces du Sud. Propos recueillis par http://www.leconomiste.com/ Bouchra SABIB | |
mardi 5 janvier 2010
Projet de régionalisation «Il ne faut pas confondre avec autonomie» Entretien avec Mohamed Darif, politologue
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